De l'origine à l'aperception

La peau est l’organe qui naît le premier lors du développement de l’embryon, c’est l'organe qui enveloppe les autres organes mais aussi la personne tout entière. La peau est d’ailleurs aussi appelée tégument, dérivé du latin tegumentum qui signifie « couverture ». La peau est l’organe le plus étendu de notre corps, environ 18000 cm² chez l’adulte, le plus lourd puisqu'il pèse 4kg environ, son épaisseur est d’environ 2mm et « de tous les organes des sens, c’est le plus vital : on peut vivre aveugle, sourd, privé de goût et d’odorat. Sans l’intégrité de la majeure partie de la peau, on ne survit pas. La peau joue plusieurs fonctions : de protection, de thermorégulation, d’échange ainsi que des fonctions métabolique et sensorielle. La peau et le système nerveux sont issus de la même couche de cellules embryonnaires, appelée l’ectoderme. La peau est constituée de plusieurs couches : de la surface vers l’intérieur, on retrouve l’épiderme, le derme et l’hypoderme. La peau est un lieu de mémoire où l’on peut lire la topographie et l’histoire de vie par sa forme, sa texture, sa coloration et ses cicatrices. Il a souvent été noté qu'au cours des premiers mois de vie, l'absence de sensations agréables et de plaisir physique peut être à l'origine de comportements pathologiques ultérieurs. Donc, tout ce qui se vit à ce moment-là aura un impact considérable sur la personnalité de chacun car c'est une période d'apprentissage qui laissera des traces mnésiques au niveau de la peau, des muscles, du système émotionnel. La fonction sensorielle de la peau est possible grâce à une innervation cutanée extrêmement riche. Les récepteurs sensoriels sont plus nombreux dans les zones cutanées les plus sensibles : doigts, visage et organes génitaux. Les récepteurs sensibles du toucher sont des organes microscopiques, les corpuscules, logés dans le derme. Ils transforment des phénomènes physiques tels que pression ou température en potentiels d’action qui partent le long de fibres nerveuses vers le système nerveux central. Les réponses aux stimuli évoluent tout au long de la vie, du prénatal à la fin de vie. Elles sont modulées par le temps, le développement morphologique, la privation ou la sur-stimulation. Nos modes de vie font que nous réduisons nos échanges tactiles, ce qui entraîne une diminution de la stimulation sensorielle au fur et à mesure de notre vieillissement. Il ne faut pas négliger le sens du toucher. Des résultats d'études permettent d’envisager la mise au point d'instruments qui redévelopperaient les sensations. Mais ne serait-il pas plus judicieux de cultiver, d’accroître nos contacts humains pour toujours « avoir du tact » ! L'homme naît en étant programmé pour créer des liens avec les autres. L’humain cherche le contact et la sécurité émotionnelle qui est un besoin vital. Cette théorie d’attachement se développe grâce à l’équilibre, la répétition et la qualité des échanges qu’il y a entre parents et enfants. Chaque être humain a ses propres expériences et histoires sensorielles. Être bien touché ou mal touché laisse des cicatrices psychiques qui joueront un rôle dans sa construction.

Les différents aspects de la notion de toucher

Dérivé du latin toucher, le tact se développe dès le début de la sixième semaine de vie intra utérine. Cette stimulation tactile est fondamentale pour l’avenir social de l’enfant. Même au sein d’une même société, hommes et femmes ne se touchent pas de la même façon suivant leur culture, leur statut social ou encore leur âge. De plus, entre différentes sociétés, les contacts peuvent être très différents dès les premiers jours de vie. Ainsi, en Occident, à sa naissance, le bébé est placé sur le corps de sa mère puis rapidement habillé et déposé dans un berceau, un porte bébé ou une écharpe. Par exemple les esquimaux, eux, installent leur bébé nu contre le dos de la mère Les différences de sensibilité de la peau d’un individu à l’autre peuvent modifier le langage du toucher Il est certain que le toucher est primordial dans notre construction, nos échanges et que la peau est le vecteur d’un langage entre le touchant et le toucher. Chez la personne âgée souffrant de cécité ou de surdité, l'évaluation tactile qui porte sur les trois aspects que sont le toucher léger, la sensation de douleur et la sensation de chaud et de froid est très importante. En effet, le toucher, système d'alerte vital destiné à forcer l'attention, constitue souvent le seul moyen de communication pour ces personnes. Le massage a des vertus bénéfiques sur le corps et sur le psychisme de celui qui le reçoit. Les effets sont directs lorsqu'on stimule la peau : on provoque une activité cérébrale qui par rétroaction multiplie la sensibilité et la réceptivité, ce qui procure la sensation de plaisir. Lors des contacts agréables, le corps produit des substances chimiques comme les endomorphines et la sérotonine. En provoquant la libération de ces hormones, on va lutter contre le stress, les angoisses et par ricochet améliorer les troubles du sommeil et de l’appétit. Le toucher est donc un "thymoanaleptique" qui a une action favorable sur la bonne humeur, en chassant la tristesse et relançant la joie de vivre. Il restaure l'énergie psychique. Les messages positifs envoyés au système nerveux réduisent la perception douloureuse. Les gestes de massage sur la partie abdominale peuvent aider la digestion et le transit intestinal. Les pétrissages, les frictions ainsi que les pressions sur le corps permettent d’améliorer le système physiologique, comme la qualité du retour veineux, favorisent la diurèse, et aident au bon fonctionnement du système lymphatique. S'il est vrai que le toucher est l’un des tous premiers sens à apparaître et qu'il est le dernier à disparaître, ce n'est pas celui que l'on privilégie : entendre, voir, sentir, goûter sont pour beaucoup l'expression première de la sensibilité. Le toucher n'est guère valorisé dans nos sociétés.